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La legende du voyageur solitaire

22 octobre 2007

la fin...

une grande honte s'abat sur nous. Nous avions égaré le premier texte japonais du Voyageur Solitaire( j'ai dit "égaré" par perdu).
Le voila, et comme le retard nous avait attendu bien sagement, voici aussi la dernière chronique japonaise.
le voyageur Solitaire est à présent rentré en france. Il publiera prochainement une chronique finale à propos de son retour et ce cycle sera terminé.
L'ensemble des textes sera bientôt disponible (et dans l'ordre chronologique !) en PDF sur le site www.120art.com

merci à toutes celles et ceux qui ont suivi le Voyageur.

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PREMIERE CHRONIQUE JAPONAISE.
Où le voyageur apprend la valeur du mot "Merci"

"Il est des mystères insondables ! L'origine de l'homme. Dieu. Avons nous une âme ? Boy George est-il un homme? Samos est il vraiment rédacteur en chef ? Qui est ce Spipsy ? Mystères, O mystères... Qu'aviez vous besoin de rajouter à ce monde, ô combien déjà si complexe?

En fait de mystères, devrais-je plutôt dire que je ne comprends rien, mais absolument rien à l'Asie!  Je ne suis au Japon que depuis peu et je me demande ce qu'il a bien pu se passer dans les 40 heures de bateau qui séparent la Chine du Japon donc. De plus, je me trouve dans une situation que je déteste, à savoir parler d'un lieu dont je n'ai fais la connaissance il y a seulement quelques jours. Je me suis permis pour la Chine puisque je n'en était pas a mon premier bal. Nous avions déjà fait un peu  connaissance il y a quelques temps et le verbe m'était plus simple parce que je ne faisais que retrouver certaines choses. Mais ici, tout n'est que découverte et surtout comparaison.

Vous avez rit aux éclats en lisant la chronique du "pousse toi" ? Non ? Ha... Bon, dommage... Bref, que vous ayez rit ou pas, de pousse toi, nous passons ici à Apres vous très cher, je n'en ferai rien, vous étiez la avant moi et surtout prenez votre temps, votre problème est notre problème et nous avons mis nos meilleurs équipes avec nos meilleurs éléments sur votre soucis qui ne saurait perdurer dans les plus bref délais. Et surtout, surtout, merci de nous avoir choisis, nous plutôt que d'autres pour que nous vous sortions de la merde... Ce qui me démonte, c'est que je n'en rajoute même pas.

Prenons un objet usuel et simple, une bouteille d'eau. Comparons l'achat entre l'empire du milieu et le soleil levant. En Chine, on va vous la vendre trois fois le prix parce que vous êtes étranger, sans vous remerciez, voire sans vous rendre la monnaie. Au Japon, on vous remercie d'avoir poussé la porte. D'avoir choisis cette boutique plutôt qu'une autre. Si vos problèmes de visions vous empêchaient de trouver le rayon bouteille de flotte, notre personnel se fera une joie de vous indiquer le chemin en vous remerciant encore dix fois de ne pas avoir le sens de l'orientation. Une fois devant la caisse. Merci d'avoir choisis cette caisse, merci pour cet achat, merci pour cette bouteille, merci d'avoir emplis de joie cette nouvelle journée et surtout, très bonne après midi à vous, vos parents, vos sœurs, frères, neveux, la grand-mère, et le chien... Cette attention au début des plus troublantes amène à une question qui se transforme donc vite en mystère. Combien de fois un vendeur de supérette dit il merci dans la journée ? A t-il le droit de boire un verre d'eau entre chaque client et si oui, combien de fois va t-il aux toilettes dans la journée ? Et surtout, se remercie t-il d'avoir choisis ces toilettes plutôt que d'autres?

Entre trouble et étonnement, vous ne pouvez que vous dire que ces gens méritent tout simplement la palme de la politesse et de l'accueil. Et puis, un jour, au détour de mes pas, je suis passé à côté d'une simple station service comme il y en a tant d'autres. Pas moins de trois personnes s'occupaient de la voiturà en stationnement. Une pour le réservoir, une autre pour nettoyer le pare brise, et la dernière pour vérifier la pression des pneus, tout trois rivalisant de remerciements a fortes décibels. Une litanie lourdingue ressemblant plus à un bête texte appris par cœur qu'à de sincères sentiments. Le propriétaire du véhicule , quand a lui, était au téléphone et n 'vait que faire de leur mélodie dissonante.

C'est depuis avec beaucoup d'amertume que je regarde les vendeurs de supérette. Bande d'hypocrites !  Je suis sûr qu'il est écrit dans votre contrat que si vous ne dites pas merci 24587631 fois par jour, il faudra en rendre compte à vos supérieurs. Je repense souvent à cette vendeuse des chemins de fer populaires de chine qui ne vous avait pas non plus fait rire. Je l'ai dit précédemment, les Chinois ne disent que très rarement merci, sauf si vous avez très mal marchandé. Pas de marchandage au Japon et les remerciements pleuvent en permanence. Le juste milieu se trouve t il au milieu de la mer ? Mystère... "

DERNIERE CHRONIQUE JAPONAISE

Où la mélancolie pointe discrètement le bout de son nez...

 

"C'était une journée comme tant d’autres. L'un de ces fameux jours typiquement japonais. On m'avait déjà dit 297 fois merci. On avait remercié 117 fois ma mère de m'avoir mis au monde. 14 fois mon père de m'avoir éduquer et 3 fois mes grands parents de m'avoir emmener en vacances. J'avais déjà bu 7 litres d’eau minérale et perdu 12 autres par les "pores" de ma peau. Tout était comme d'habitude. Je sentais déjà très fort la sueur à la moitié de la journée et je filais à un déjeuner avec une française rencontrée quelques jours plus tôt.

Par soucis de simplicité, nous nous étions donne rendez-vous dans la gare de Tokyo, à la sortie sud, tant trouver une bête rue peut s'avérer être un casse-tête pénible au Japon. Donc, tandis que mes pas me guidaient vers la dite sorte, il me vint une pensée aussi pénible qu'excitante. Dans une semaine jour pour jour, l'aventure ordinaire serait terminée et je serai sur Paris en train de discuter de mes indemnités avec mon rédacteur en chef. Une petite chair de poule se faisait sentir tandis que cette idée me titillait le cervelet.

Je repense au départ. Les adieux. Les bisous. On s'écrit. T'es génial. Moi aussi j'adore ce que je fais... Comme pour caricaturer ce vague à l'âme d'enfant gâté, un chariot d'entretien se poste juste devant moi. Tout en roulant, il diffuse une musique électronique lancinante. Pour casser ma mélancolie, je me mets à penser à celle des autres. Je me demande ce qui peut bien passer par la tête de ce technicien de surface avec ce fond sonore en permanence dans les oreilles. Je l'imagine finalement, tout comme moi, en plein blues tokyoïte. Lui aussi perdu dans sa tristesse quotidienne tout en transportant les poubelles de la gare. Sorte d'intense émotion sentant les ordures. Mon regard quitte le technicien pour se poser sur les belles de Tokyo. Belles qui ne le sont plus tant leurs charmes prennent le dessus. "Ces femmes que l’on aime pour quelques instants secrets". Les passantes ont enfin une ville. Il fait chaud. Très chaud même. Quelques épaules dénudées que l'on aurait plaisir à mordiller narguent l'œil tant leur rondeur trahis leur douceur. "Peu m'importe Naples puisque que la vue de leur académie me rendrait douces toutes les morts du monde". Je ne serai jamais un bon misogyne. Pas une femme de la vie mais bien pas assez d'une vie pour toutes les aimer. Démarches pressées. Talons qui claques. Regards discrets. Sourires cachés par une main que l'on rêverait d’effleurer. Les odeurs; leurs odeurs. Erotisme nippon. Les strictes, les moins strictes, les pas strictes du tout. La gare est grande. La musique ne s'arrête pas. Mes pensées sont futiles. Je sais l'essentiel ailleurs. Mais je suis aussi heureux de voir que le fantasme reste intact. Les femmes que vous ne touchez pas réveillent des émotions enfouis...

En arrivant au sud, mes pieds ne touchent plus le sol. Je repense à un texte de Bukowski qui me met à fleur de peau a chaque lecture :

"En beaucoup de domaines, j'étais un sentimental ; des chaussures de femmes sous le lit ; une épingle à cheveux abandonnées sur une commode ; leur façon de dire:"je vais faire pipi"... Les rubans qu'elles mettent dans leurs cheveux; descendre le boulevard avec elles à une heure et demi de l'après midi ; deux personnes marchant ensemble, simplement ; les longues nuits de beuverie, de tabagie ; les scènes ; penser au suicide ; partager un repas en se sentant bien ; les plaisanteries, les rires absurdes ; sentir les miracles dans l'air ; ensemble dans une voiture en stationnement ; comparer les amours d'antan à trois heures du matin ; s'entendre dire qu’on ronfle ; écouter ronfler ; les mères, les filles, les fils, les chats, les chiens ; parfois la mort, parfois le divorce, mais toujours continuer, s'accrocher ; lire seul le journal dans une buvette et sentir une nausée te retourner l'estomac, parce que maintenant elle est mariée avec un dentiste ayant un QI de 95 ; les courses de chevaux, les parcs, les piques niques dans les parcs ; même la prison ; ses amis sinistres ; tes amis sinistres ; ton goût pour la gnole ; son gout pour la dance, ta drague, sa drague ; ses pilules ; tes baises en douces, et elle qui fait pareil ; dormir ensemble..."

Lorsqu'il n’est plus un vieux dégueulasse, il est comme Coste qui dit découvrir que le sperme pouvait être romantique. Les bouchers apprentis poètes touchent plus que les professionnels de l'émotion. Ceux la même qui nous font la promotion des relations basées sur rien parce qu’elles ne sont en définitif que les plus fructueuses. Cette même race encore persuadée de perdre son temps lorsqu'elle parle à un boudin et qui ne peut s’empêcher de trouver le moindre charme à n'importe quelle représentante du beau sexe. Ceux qui, à défaut de séduire, ont toujours plus de facilités à faire plaisir à une femme, surtout lorsque c'est elle d'un autre. Tout ce à quoi j'appartiens avant d'adhérer...

Le chariot me laisse à mes pensées. La musique s'éteint dans les couloirs. Je repense à la chaleur de ces mains trop rarement touchées. A ces regards muets. Pas la pollution de sexualité quotidienne. Pas de silence rompus par d'inutiles paroles. Juste de vagues souvenirs sans salissures. Le pourquoi de mes voyages. La mémoire. Y penser de nouveau. Repartir. Ne pas savoir ce qu’on fait la. Mais ne pas avoir honte. Comprendre des choses élémentaires. Faire rire. Pleurer. Ne pas trahir les idéaux de son enfance. Ne pas abdiquer. Ne pas vendre son âme.  Ecrire des conneries que personne ne lit. Les écrire parce qu'on aime écrire. Perdre son temps. Aimer le perdre. Aimer se perdre...

Mon rendez vous arrive. Je pense a toi Sammy. S'exprimer avec les mots des autres est une liberté que tu as compris bien avant moi. L. n'est plus qu'à quelques mètres. J'ai un dernier regard pour ces belles. La mort ne sera pas si douce parce quelle ne pourra pas venir d'elles toutes ; et je n’aurai pas assez d’une vie pour les regretter... Amer souvenir finalement..."



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28 septembre 2007

Des cafés internet au Japon...

L'équipe 120ème Art s'excuse platement pour ce retard dans les chroniques du voyageurs solitaires...

Voici donc celle-ci, pour nous faire pardonner...

"Il suffisait que j’envoie un mail emplit de tristesse à mon rédacteur en chef pour lui avouer mes faiblesses et mes molles capacités d’analyses quand à chroniquer le japon que finalement, tout s'est offert a moi, au moment même ou j'écrivais ces lignes. Le Japon est déroutant.

Comme mon supérieur ne se demande jamais à quelle heure je lui écris, moi je vais vous le dire, comme ça vous serez vraiment dans l'ambiance. Donc, à l'instant même ou je me fondais en excuses dans l'espoir de sauvegarder mon emploi, tant nous savons le milieu du travail sinistré, il était deux heures du matin. Au moment, où je vous le dit, là, maintenant, une question vous congestionne la gorge : "mais que faisait-il dans un web café à deux heures du matin plutôt que de faire des folies de son corps dans un autre corps?" Attention, je vous vois venir, ma vie privée ne regarde que moi, merde quoi ! Donc, pour en revenir a nos moutons plutôt qu'à d’autres corps donc, figurez vous que j'étais tout simplement SDF. Arriver à Tokyo un samedi soir en période estivale sans réservation est probablement l'idée la plus stupide que n'importe quel crétin dénué de tout sens logique est en mesure d'avoir. Vous pouvez noter que je ne suis pas non plus très tendre avec moi même. Vous vous en foutez, bon. L'ultime refuge, l'ultime asile de nuit fut donc un web bar, jumelé à une manga house, jumelée à une librairie, jumelée avec un restaurant, jumelée avec un bar. Donc, plutôt que d'aller conter fleurette à de femmes somptueuses dans des tripots bien au dessus de mes moyens, je me suis résolus à être studieux et à écrire à mes proches. Dire à mes parents tout l'amour que je leur porte. Faire part de mon manque d'imagination à mon rédacteur, une soirée palpitante vous en conviendrez.

Le lieu est plutôt bien rempli. Musique de jeux vidéo. Musique classique. Jazz. Dialogues de films. Dialogues en directs. Claviers qui trépignent. Au milieu de tout cela, certains essaient de lire au milieu du bruit, bon courage.

Je n’apprendrais à personne que le temps passe très vite lorsque l'on a les yeux rivés sur un écran. Deux trois heures plus tard, la fatigue se fait vraiment sentir. Ce grand fauteuil en cuir sur lequel je suis assis ne favorise en plus pas l'éveil. Je piquerais bien un somme, mais je vais me faire virer si je m’endors, nonb? Pour pallier au mal, je me lève pour me dégourdir un peu les jambes et désenfler ma vessie. Je passe entre les ordinateurs, et là, le côté obscur du Japon s'offre enfin a moi. De tous les bruits signalés tout à l'heure, seuls les claviers ont finis par mettre un bémol. Tout le reste est encore à fond tandis que 98% des personnes présentes sont dans les bras de Morphée. Certain se sont même mis très à l'aise, chaussures au sol, pieds sur la tablette, fauteuil en cuir en position allongée. Vas y que je ronfle la bouche grande ouverte, la bave sur la joue, le manga sur le ventre ou par terre. En toute simplicité, on est entre nous de toute façon.

Alors pendant que j'urine, que je mouille un peu la cuvette et que la dernière goutte est pour mon slip, je me demande s'il me viendrait à l'esprit de finir mes nuits dans ce genre d'endroit à Paris plutôt que dans un lit douillet ? Est ce vraiment si sympa de faire sa nuit dans un bouge de troisième zone où le silence est ramené au rang de légende ? 

La clientèle est, à de très rares exceptions, exclusivement masculine. C'est l'angoisse d'être seul où vos bonnes femmes vous font vraiment trop chier ? Ecoutez, donnez moi les clés de chez vous, je vous fait un petit compte rendu pour demain huit heures, non ? Le japonais ne partage pas son ennui comme ça ! D’autres qui ne dorment pas sont plus explicites dans leurs activités. Plutôt que de rentrer bredouille après une bonne soirée de beuverie entre collègues, pourquoi ne pas se mater un bon porno où l'on se chie dessus avec toutes les joies du monde. Ne faites pas cette tête, c'est culturel. D’autres sont plus branchés pipi ou bêtes pénétrations vaginales. Ces derniers manquent vraiment d’imagination franchement !

Les employés du lieu passent au milieu de tout ça pour voir si tout va bien. Ramassent les verres, parfois pleins, tombés au sol. Ils sont à deux sur une flaque de vomi, j’adorerais faire ce boulot.

Il me reste quelques heures avant le lever du soleil. Comme personne ne se gêne, je m’allonge moi aussi tout en écoutant du hip hop tokyoïte. Avant de m'endormir, je suis forcé de constater que les interprètes de ce type de musique ont une réelle passion pour les filles en maillot de bain au minimum syndical. Quelle imagination, c'est admirable. D’autant plus quelles ne font même pas caca alors je n’en vois pas l'intérêt, vraiment.

Bercé par cette délicate musique si chère à mes oreilles, il me faut bien admettre que je ne comprends rien à ces gens. On passe d’une société guindée au dernier degrés à une totale débauche qui passe pour parfaitement normale. Une fois que le boulot est fini, après quelques verres, de société bien proprette la journée, on passe à bien crade la nuit. Tant que tu es au boulot, tu es gentil et tu fais ce qu’on te dit, après, on sen fout...

Mes chaussures qui ont six mois de voyage intense laissent s’échapper un petit fumé dont moi seul ai le secret. Mes voisins regardent un film en odorama maintenant, ils doivent être contents finalement.

Trois heures plus tard, je me réveille avec la douce odeur du café. On m'a délicatement posé une tasse remplie de caféine pour me donner la forme. Mes pompes ont été rangée côte à côte avec mon sac et le pull, que j'avais mis pour me protéger de la clim puis que j’avais retiré parce qu’ils l'avaient coupée, a été plié et trône sur mon sac. En partant, on me salue très poliment. "Mais non mon vieux, tu n’es pas un SDF, tu viens juste de vivre ta première expérience 100% japonaise... En sortant, le sol colle dans la rue. Certains sont vautrés dans leur pisse tandis que la propreté municipale commence à oeuvrer. Les derniers fêtards bariolés croisent en titubant des cravates qui vont bosser. On est dimanche quand même. Les hôtesses dont le maquillage a fini par couler s'engouffrent dans le métro avec leurs tenus plutôt... Courtes. Le jour se lève et  je ne comprends toujours rien finalement... Un pays bizarre peuplé de gens étranges... Voila où je suis..."

 

12 septembre 2007

de la discipline au Japon...

Où le voyageur solitaire nous parle de discipline japonaise...

"Discipline, règles, ordre. Retenez ces mots, ils vont vous être utiles pour la compréhension intégrale de la chronique ordinaire qui suit. Je n’avais, jusqu’à maintenant, que parlé des horaires un peu stricts dans les hôtels bon marché. Aujourd’hui, je vous parle du reste, et le pire est que je n’en rajoute même pas...
Discipline: Au moment où je pousse la  porte, couvert de sueur et de sacs
trop lourds pour mes frêles épaules, c’est la réunion de travail pour les
objectifs de la journée. Le supérieur est devant l’équipe qui elle même est
quasi au garde à vous. Personne ne bronche. Je ne comprends rien mais je me
plais à imaginer les consignes qui doivent le plus souvent revenir
systématiquement aux mêmes choses. Au réceptionniste: "Toi, tu vas donner
les clés à tous les clients qui te les demandent et tu les remercieras jusqu’à ne plus avoir la moindre goutte de salive dans la bouche!". A la femme de ménage: "Toi, tu vas faire le ménage dans toutes les chambres et n’oublie pas de bien nettoyer ton aspirateur après usage!". Personne d’autre, c’est un petit hôtel.
Règles : j’arrive trop tôt. Je ne peux pas rentrer dans ma chambre avant
16h30, ce qui me laisse presque sept heures avant de pouvoir prendre une
douche pour chasser les vilaines odeurs qui sévissent sous mes bras.
Impossible de simplement monter pour poser mon sac pour d’obscures raisons
et surtout parce que c’est écrit sur le règlement. Le réceptionniste préfère
les mettre derrière son comptoir. Je ne sais pas combien il y en a mais le
mien n’est donc pas le premier et a peu de chance d’être le dernier. Il peut
à peine circuler mais bon, le règlement, c’est le règlement. Comme les
douches sont communes, je demande naïvement où elles se trouvent. Peut être
lassé de mes questions auxquels il répond sans arrêt « non », il me tend un
papier sur lequel est écrit règlement donc. Pas d’accès aux douches avant 19h,
ce qui amène ma prochaine danse de l’amour avec de l’eau glacée neuf heures
plus tard. Je tente de parlementer. On pointe du doigt le papier que j’ai
dans les mains. Pas de discussion possible. Je fini la lecture de cette
putain de fiche, j’ai droit au café gratuit jusque dans dix minutes, vite,
vite, donnez moi une tasse sinon j’aurais bientôt le règlement contre moi...
Ordre : le lendemain, après m’être fait réveillé par la femme de ménage à 10h
pétante, parce que bon, le règlement quoi, je descends à la réception pour
signaler mon intention de rester non pas une mais bien les deux nuits
suivantes messieurs-dames. De ce que je connais, je crois pouvoir dire qu’il
n’existe aucun pays plus organisé que le Japon. Cela peut être pratique mais
les nouvelles de dernières minutes ont tendances à leur donner des bouffés
d’angoisses. Problème. Silence. Fouille de paperasse. Anglais hésitant. La
bouche tremblotante, il me dit que de la chambre 710, je vais devoir passer
à la 610. Pour faire plus clair, exactement la même mais un étage plus bas.
Dans la seconde, j’hésite à faire un scandale juste pour voir la résistance
de ces nerfs déjà mis à rudes épreuves si tôt le matin. Je me ravise, j’ai un
coeur moi  aussi. Je me vois juste lui dire que mon sac est toujours dans la
710. "No probelm, no problem". Il me fait comprendre qu’il va lui même s’en
charger.
De retour des heures plus tard, mais avant la fermeture des douches que ce putain de règlement  annonçait pour 23h, je me vois monter dans la 610 pour
prendre quelques affaire. Identique ! Tout était identique ! La chambre bien
sûr mais aussi l’emplacement de mon sac. La position de mon livre posé
nonchalamment sur mon lit le matin même. Les papiers posés à l’abandon sur le
bureau. Même un papier que j’avais machinalement roulé la veille tout en
discutant avec une charmante anglaise, même ce papier était posé, quasi au
centimètre près de l’endroit où je l’avais lourdé la veille plutôt que de
le mettre dans une poubelle comme aurait fait n’importe quelle personne
sensée. Le dernier détail tuant était la brosse à dent, oubliée à côté du
lavabo, exactement dans la même position et au même endroit que dans la
710. Des fous, des malades, des tarés. Discipline, règles, ordre... Ici, on
ne plaisante pas..."

3 septembre 2007

le Japon, enfin !

Où le voyageur Solitaire nous parleras enfin du Japon, Terre promise.
Ici un petit verre de vin l'amenera sur les chemin d'un fameux concert punk 100% japonais !
mais écoutez plutôt :

"J'ai un peu honte. Je ne devrais pas le dire, mais hier soir, je me suis saoulé. Tel un désoeuvré. Tout seul. Du moins au début. Je ne sais pas si cela mérite explications, mais comme tout s'est passé tellement vite, c’est aussi important pour moi de revivre ces quelques instants.

 

Je venais de trouver la nouvelle idée à coucher sur papier pour votre plus grand plaisir et dans mon désir profond de gaspiller de l'encre. Le Japon ayant plus de choix que le MacDonald pour s'assoire quelques heures, je déambulais donc dans les rues en quête d'un coin tranquille. Elle s'offrit à moi au  coin de l'une des ces trop nombreuses rues sans nom qui parsèment le Japon, une pizzeria. Une pizzeria où j'avais la permission de ne boire qu’un verre en attendant que mon estomac se creuse. Du vin, donne moi du vin tavernier, et du meilleur! Un verre. Je retrouve la saveur de ces vins que je bois lors de nos multiples réunions de famille. Deux verres. Très bons, il est très bon, vraiment. Profitant de mes voyages pour faire des petites cures sans alcool, je me retrouve à rigoler très bêtement a la fin du second. Mais... Appréciant particulièrement l'ivresse du vin, je me laisse tenter par un troisième et un risotto pour rester fidèle au riz mais pour changer un peu les saveurs.

Je sors du restaurant le pas un peu lourd et l'oeil hagard. Je me vois bêtement rentrer à l'hôtel alors que pour être honnête, je passerais bien la nuit dehors. Mon regard se pose sur quatre types assis par terre, d’écossais vêtus et de drapeau du Royaume-Uni en guise d'écharpe, de badge ou de mouchoirs juste tombant de la poche... Ca ne vous rappelle rien ? Sur les quatre, deux ont les cheveux orange. Allez quoi ! Ils ont des Docs Martens aux pieds, se sont ? Ce sont ?... Des punks, oui bravo ! Je les aborde. L'un des cheveux rouges parle un peu anglais. Ce soir c'est tremplin, plusieurs groupes version anard no futur sont sur le pied de guerre. Il ne m'en faut pas plus, dites moi où je dois signer.

Dans l'assemblée, ma chemise a carreaux bleus et blancs ne passe pas inaperçue. Disons, qu'ici, le mode est plutôt au t-shirt noir. Parce que le noir, c'est l'anarchie, bah ouais ! Je suis le seul étranger. Je n’ai pas de piercing. Pas de tatouage. Je ne connais personne. On se demande tellement ce que je fous la que l'on vient me le demander. Je suis journaliste et je m'intéresse a la scène punk japonaise ! Ca t'en bouche un coin, hein ? Allez lire mes articles sur 120art. Je suis journaliste et je fais de la pub pour mes potes, c'est pas super punk ça ? On me présente des lors les membres des différents groupes. Il n’y a qu'une seule fille et elle joue de la batterie, vous voulez plus de détails ? Dans l'ensemble, ils ont entre 25 et 35 ans. Ici, comme on vit plus vieux, l'adolescence doit durer plus longtemps finalement.

Le spectacle n'a commencé que depuis trois minutes que je n’ai déjà plus de tympans. Tout est sursaturé. Cela me rappelle quelques unes de tes jeunes soirées ô Samos Steinos. J'observe l'ensemble, le public ne bouge pas des masses. Le punk japonais est plutôt calme. Par contre, sur scène, ça gueule dans tous les sens. Le chanteur n'arrête pas de jongler avec son pied de micro tant et si bien que son guitariste finit par se le prendre dans l'oeil. Petite interruption. On reprend. Autres groupes, autres moeurs. Je reconnais Exploited, sex n'violence, leur tube. Tout le monde reprend en coeur. Le guitariste, encore, claque une corde mais continue jusqu’au bout. T’as compris que tu venais pas pour la musique de toute façon ?

Entre chaque groupe, il y a une projection vidéo. Mad Max. Le un. Puis le deux. De toute façon, on a pas fait plus alternatif que les années 80 mon frère.

D'autres groupes sans avenir se succèdent. Je dis sans avenir parce que c'est no futur, bah ouais ! Par moment, je reconnais les Clash ou les Pistols. Pour le reste, je suis incapable de dire si ce sont des compositions personnelles ou des reprises de groupes locaux. Je devine parfois de douces et fruitières métaphores sur la sexualité de ma mère et l'homosexualité de mon père. Le cheveux rouge est très tendances ainsi que le tatouage, de préférence, n’importe où. Entre chaque morceau, je vois les tatoués refaire leurs manches histoire que tout ces sales bourgeois impriment bien toute la rébellion qui se trimballe sur leur membres supérieurs.

Après quelques heures de hurlement hystériques et de cris bestiaux, je dois faire face à un terrible choix. Le logement étant relativement cher au Japon, je me vois souvent dormir chez des gens n'étant pas vraiment hôtel. Ce qui signifie que je dois rentrer avant 23h. J’ai eu droit à 21h30. Soit je pars pour la nuit, soit je rentre me coucher. Tel un cendrillon de caniveau, je me vois partir à 22h45, cela s’appelle aussi le syndrome du Bastien. J'aurais tant aimé abandonner l'une de mes godasses dans une flaque de vomi pour donner un peu plus de romantisme a cette soirée sans avenir, parce que no futur, bah ouais, tes con ou quoi ?

Je suis en retard. Je le vois au regard de mon hôte. Je pue l’alcool. C’est la grande classe. D’autant que c’est une femme relativement âgée qui ne doit pas avoir une grosse retraite et qui fait cela plus par nécessité que par envie. J’ai droit à quelques réprimandes. En m'enfermant dans ma chambre comme un gosse, je suis pris d’un vieux réflexe: je t’emmerde la vieille, demain, je reviens les cheveux rouges, parce que no futur bah ouais..."

29 août 2007

de la discretion...


L'équipe de 120ème art ne feras aucun commentaire sur cette chronique désasteuse.

Samos Steinos ne travaille pas pour les services secrets et c’est tant mieux. Tandis que j'arrive au Japon et que je découvre par la même occasion la légende du voyageur à laquelle je n'ai donc jamais eu accès durant mon séjour chinois, je découvre les sms envoyés pour être plus discret à la suite du fameux contrôle et là, je me dis, Samos, tu es admirable! Je m’explique...

Peu de temps  après mon arrivée, comme notre rédacteur en chef vous l’a donc déjà expliqué, j'ai eu droit à un contrôle de police. Dans ce pays ou la sécurité prime, vous passez vos bagages aux rayons x aussi bien dans les aéroports bien sûr que dans les gares. Dans la période de mon contrôle, deux Américains avaient brûlé des drapeaux chinois en criant free Tibet et quelques jours plus tard, un Suisse s’était fait prendre, lors d’un bête contrôle comme le mien avec plusieurs passeports dans le but probable de faire sortir quelques personnes du territoire. Inutile d'aller plus loin, il y a deux mois et même encore maintenant, les autorités étaient un peu sur les dents. Pour mon cas précis, ce qu'ils voulaient voir dans mon sac étaient mes appareils photos accompagnés d'une centaine de pellicules. Louche, très louches même. En continuant leurs recherches, ils trouvèrent donc à proximité les deux t-shirts et les stickers 120art puisque je fais aussi des photos pour vous... Ils étaient déjà sérieux, mais avec le net et les occidentaux, ils peuvent même devenir graves. On m’a demandé a quoi tout cela correspondait ? Si j'étais en lien avec des réseaux indépendantistes tibétains ? Houighours ? Les deux ? Ils ont vu sur leur ordinateur que j’étais déjà venu en Chine. Ils m’ont encore demandé pour quel motif j'étais venu la première fois? Bref, leur maigre sens de l'humour les envoya faire deux copies de mon passeport  et ils embarquèrent bon nombre de stickers.  Quelques jours plus tard, je rencontre deux Anglais vivant sur place auxquels je raconte ma mésaventure. En me recommandant la plus grande discrétion, tant toutes les infos envoyées par le net sont filtrées, ils m’expliquent donc aussi les évènements passés racontés un peu avant et me disent aussi que 120art.com va donc être passé aux cribles puisque maintenant ils ont l'adresse... Un peu refroidis, je dois bien l’admettre, j'envoie vite fait un sms a Samos parce que je me dis qu’un petit ange qui vomit du sang a côté du grand timonier peut juste être très mal interprété par des cons dénués de tout sens de l'humour...

N’ayant pas eu accès au cite en Chine, je le découvre à l'instant même où j'écris ces lignes. J'y découvre mon sms, ecrit pour être plus discret donc, mais aussi les photos du grand maître Mao. Niveau discrétion, nous repasserons. Rien de grave bien sûr puisque je suis tranquillement assis devant un ordinateur relié au monde entier dans un bar branché de Nagasaki. Soit les censeurs chinois ont mal fait leur boulot, soit nous ne sommes pas subversifs.

La prochaine fois Samos, lorsque nous serons en service commandé pour le bien du monde et la sauvegarde de la paix, soit gentil, si je pars en mission suicide au fin fond de n'importe où, respecte juste les consignes. Ne dis pas avant résultat : Julien va passer les lignes ennemis vers 22h36, à tel endroit et par tel chemin. Si tout va bien et que le temps le permet, nous aurons donc de ses nouvelles à 22h39... Ce qui ne me laisserait que trois minutes pour sauver ma peau... Et si on te propose un boulot où il faut être discret, tu dis non, merci...


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24 août 2007

Du sport & de la chine...

Où le Voyageur solitaire cracheras sa bile contre le sport, les touristes et d'autres choses....



"Cette ultime chronique chinoise s'adresse en particulier aux renards sportifs. Ceux qui  connaissent mon immense passion pour tout ce qui s’approche de près ou de loin a un athlète de bas ou de haut niveau seront peut être surpris de me voir perdre mon temps à écrire à ces derniers et pourtant... Pourtant, cela m'a semblé important...
Alors oui, c’est donc à toi que je m'adresse renard passionné de sport. Toi que la vue d’un corps athlétique fait frémir et qui a une demi-molle a chaque nouveau record battu. Toi qui n'hésites pas à poser un lapin à la femme de ta vie pour une rencontre PSG-OM. Toi qui attends avec une impatience non feintée la prochaine coupe du monde tant tu as mal vécu la dernière. Toi qui lis "l'Equipe" comme si c’était un journal d'investigation. Toi que les salaires de sportifs font rêver et qui ne trouves rien à redire quand aux coupures des budgets de la recherche. Mais toi aussi qui te scandalises de l'augmentation de l'alcool et de la raréfaction des places de parkings en milieu urbain. Toi que la défaite de Paris face a Londres pour les JO de 2012 a vraiment atteint. Toi qui te gaves de coca tiède et de bouffe de merde les soirs de rencontres sportives. Toi qui a des bouffées d'angoisse à la simple évocation de la fin de la saisons de football. Toi dont le besoin d’idoles n’est plus à prouver et qui a remplacé les dieux par des connards aux jambes lourdes assurées à des millions d'euros. Toi qui défends ton chauvinisme minable sous la bannière inaltérable du sport. Toi qui n'hésites pas à te peinturlurer la gueule pour bien montrer à quelle tribu de crétins dégénérés tu appartiens. Toi qui préfères une victoire minable à des perdants fair play. Toi qui combles avec ce rien le vide de ta vie. Toi dont la beaufitude précoce n’est plus à prouver. Toi, oui toi que je tutoie sans scrupules tant je sens que nous allons bien nous entendre. Toi, trois fois toi, mille fois toi, ô joie, ô merveille, ta passion pour le sport te traînera en Chine l'année prochaine...
Alors, gros connard, écoute moi bien, parce que je ne le dirai pas deux fois. Une fois que tu seras arrivé avec ton décalage horaire et tes kilos d'insécurités. Une fois que tu auras pris ton petit déj’ dans un Starbucks en prenant bien soin de goûter au cappuccino aux haricots rouges, spécialité locale. Que tu auras déjeuner dans un MacDonald en te gavant du burger au poulet épicé, parce que faut goûter, et que tu auras dîner dans un Pizza hut avec la fameuse pizza au canard. Toi qui ne pourras que te rendre compte que Pékin  ressemble à n'importe quelle mégalopole avec son métro tout propre, ses bus flambant neufs, ses routes parfaitement goudronnées et ses taxis fraîchement sortis d'usine. Toi qui seras resté muet face aux sons et lumières des cérémonies d'ouverture et de fermeture. Toi qui auras bu toute la bile propagandiste de ces JO sans rien trouver à redire. Toi qui vas t'agiter comme un débile sur son siège et vas pousser des cris bestiaux à chaque point marqué par ton équipe. Toi qui te coucheras crever tant la tension sportive est difficile à gérer. Toi qui l'auras compris que je me fous des résultats sportifs de n’importes quels connards en short... Une fois que cela sera fini, que tout sera terminé et que nous pourrons enfin passer à autre chose, plutôt que de rentrer chez toi, dans ta triste rue et dans ta vie conne. Avant de reprendre ton avion, soit gentil, va faire un tour juste pour avoir un petit aperçu de ce que l'on ne t’aura pas montré a Pékin...
Va voir la Chine que l'on ne montre pas. Va voir la Chine qui pue des pieds. La Chine qui se racle la gorge et qui crache sans détails. Celle qui mange comme une dégueulasse mais avec un sourire qui te fait même oublier les odeurs de pisse. Va voir les routes pourries, les bus qui roulent par miracle. Les mômes dans les champs avec les vieux sans retraites. Va voir ces vies qui te sourient autrement que pour te vendre un truc moche. Va voir ceux qui sont encore contents de voir des étrangers juste parce qu'ils sont étrangers. Ceux qui partagent leurs repas parce qu'ici, on nourrit encore les voyageurs. Va voir cette Chine heureuse de te rendre service et  de te filer des clopes. Va voir ce pays qui a fait une OPA sur le carrelage blanc et en tapisse tout ses murs. Va écouter les camions poubelles qui diffusent une petite musique électronique sur un air de joyeux anniversaire ou de happy christmas. Va voir ces gens béas d’admiration face à un son et eau ou une fontaine endiablée s'animant au rythme de musiques des séries b ou de vieux Hendrix. Va voir ces gens qui collent des sacs plastiques sur leurs godasses les jours de pluie et continuent d'avoir une activité normale. Va voir les mômes livrés à eux même que l'état laisse complètement tomber. Goûte à l'Etat communiste fondu dans un libéralisme à faire peur.
Enfin, ne suis  pas  tout ces connards qui te parlent de la vrai Chine puisqu'il n'y en pas de fausse. Regarde juste celle d'hier et celle d'aujourd’hui. Regarde comme celle de maintenant est le monde de demain. Où tout se ressemble. Même bouffe, même café, même vêtements et même parfois même bâtiments. Il y a moins de différences aujourd’hui entre un Pékinois et un Parisien qu'entre un Shanghaien et un paysan des campagnes chinoises. Mais cette fois, avant que l'on te mâche les choses, vois le par toi-même avant que cela disparaisse et que cela devienne presque absurde de venir ici, c'est tout... "

22 août 2007

Des cris d'animaux et du Karaoké...

Où le Voyageur solitaire nous conte un inoubliable voyage en bus...


"Après vous avoir narré, avec un talent qui m'étonne moi même, cette merveilleuse aventure passée dans le train Shanghai-Nanjing ou comment vendre n'importe quoi à n'importe qui. Après ce presque conte pour enfant où l'on découvre comment les princesses et les princes chinois dégustent leurs succulentes nouilles. Après ce spectacle grandiose qui s'offrit à mes yeux lors de mon passage à Hong Kong ou comment prouver au monde entier que le son et lumière ne tue pas. Aujourd'hui, en cette sainte journée de juillet ou la flotte a décidé de me cloîtrer dans un MacDonald, seul lieu où il est possible de rester un peu, les restaurants vous virant une fois que vous avez fini de manger, je m'en vais vous conter une nouvelle palpitante aventure...
Alors, donc, tandis que je montais dans ce bus reliant Xiahe a Langhzou, dans le Ganzu. Tandis que le soleil n’arrivait pas à percer la masse nuageuse et que tout le monde se bousculait dans un brouhaha lourdingue pour monter le premier. Tandis qu'au loin, les bergers s'en allaient avec leurs troupeaux dans le haut des montagnes, je me suis vu, moi, écraser, comme un con, mon cul sur un siège humide des fuites du toit et du temps incertain. Cette journée commençait de la même façon qu’elle avait mouillé mon slip, insidieuse et fourbe. Je dirais même grotesque tant parcourir 167 km en 7 heures avec des sous-vêtements mouillés me parait ridicule à l'instant où j'écris ces lignes.
Bref, tandis que ce bus aux pneus lisses de 6h30 s'élançait sur des routes embrumées et que l'ennuie commençait déjà à ronger les esprits, ma voisine commença à me tailler la bavette tout en mangeant ces nouilles épicées... Dans les premiers temps, elle ne pu se rendre compte de la nullité de mon mandarin tant elle était parti dans une diarrhée verbale dont  je suis moi même incapable, c’est dire ! J'eu beau lui mimer l'incompréhension, pas simple, essaie devant ta glace, rien ne pouvait l'arrêter. Elle finit par trouver des sujets plus simples que nous étions tout deux à même de comprendre et donc de partager. Elle se mit à imiter tous les cris des animaux que nous croisions sur notre passage. Elle était très talentueuse, je dois bien l'admettre. Mouton, cheval, âne, poule, yack, tout en gardant à l'esprit que le cheval était vraiment sa spécialité. Après chaque cri, elle me regardait pour être sûre de mon attention. Pas de répit, elle ne me laisserait pas une seconde.
Pourtant, après les quelques minutes d'expressions animales de ma voisine, qui à elle seule valait le détour, le chauffeur du bus lui donna un petit coup de pouce supplémentaire. Ici, le karaoké est une institution et il est difficile d'y échapper même dans les endroits les plus saugrenus, j'en tiens pour preuve ce bus. Le Ganzu étant peuplé par diverses populations, dont les Houighours (musulmans), les Tibétains (boudhiste) et les Hans (communiste), la musique est aussi diverse que variée et c'est très fort. Ma voisine, qui commençait à sacrément se faire chier en ma compagnie fut prise dune joie démentielle dès les premières notes. Le premier tube fut repris, au bas mot, par les deux tiers du bus. Ma voisine, que rien ne pouvait arrêter, ne fut pas  effrayée par les tubes tibétains. Montagnes, costumes, effets négatifs sur l'image, couples roucoulants de sentiments éternels, guitare électrique, moines faisant les coeurs, ce fut admirable. Les tubes se succédèrent. Ma voisine enchaînait sans boire un seul verre d'eau mais en se gavant de biscuits et en crachant quelques postillons emplis de farine... Ha! les voyages...
La musique houighour eut moins de preneur. A peine un faible ronronnement dans le fond du bus. Pendant ce presque silence, elle en profita pour s’envoyer une grande et délicieuse glace au citron. Reprise ensuite avec un hip hop hans sortit tout droit des ghettos de Pékin. Partie! Elle était partie. Plus rien n'existait entre elle et l'écran télé. L’ambiance était tellement à son comble que l'on en aurait oublié le bus, la route et mon slip...
Et puis, va savoir pourquoi, ô mon frère, ô mon ami, après moult tubes, la musique s'arrêta. Comme ça. Sans prévenir. Je crûs même comprendre les explications du chauffeur qui nous avouait ne plus rien avoir à nous mettre sous la dent. Malgré quelques réprimandes, le silence finit par s’installer. D'ennuie, ma voisine se consacra exclusivement à une observation de la route. Route de montagne, route sinueuse. Moins d’une demi heure plus tard, je me montrais très étonné de la contenance d'un estomac de petite fille. Tout y était. Les nouilles bien sûr qui me rappelèrent quelques sombres soirées chez mon rédacteur en chef, mais aussi cette succulente glace au citron. Il y avait d’autres choses mais je ne les distinguais pas tant mon pantalon absorbait vite, les biscuit probablement... 

A signaler que le voyageur est toujours au japon mais que nous publions ces chroniques dans l'ordre ou nous es recevons et donc il nous reste dans notre besace quelques chroniques chinoise (encore une après celle-ci !) et après on passe au Japon.


17 août 2007

desert & volcans...

Suite à un crash de l'ordinateur central, nous avons pris un leger retard...
Lecteurs & voyageurs voudrons bien nous en excuser...

La muraille de Chine & autres magies...

"Salut vieux bandit, tu as :
un monastère à flanc de montagne,
une rue très chinoise, type ville moderne carrelage blanc et porte en fer,
deux têtes de yacks,
les seaux à vomi dans un couloir de bus,
une forteresse dans le désert de Goby,
La muraille de Chine,
des vues sur le désert sous la pluie,
pas mal non, un lieu de rencontre  pour amoureux dans le désert,
le désert sous le soleil,
le résultat d'un chinois qui mange des cacahuètes dans le bus...

Ps: Si tu ne mets pas la muraille je te tue. Je n'y suis allé que pour toi, il faisait un temps de merde et je suis rentré trempé. Si tu ne veux pas que ton intégrité physique en prenne un coup... Mets la en ligne et vite fait..."

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10 août 2007

Le romantisme à la française...

Où le voyageur solitaire nous apprendras quelques techniques subtiles, des conseils techniques & nous parleras du romantisme à la télé chinoise...

P.S : Dorian si tu lis ce mail, donne nous le tien que l'on puisse le transmettre à Julien. Il cherche à te joindre mais il n'as pas ton contact

"Ami du Renardo crew, bonjour. Aujourd'hui, c'est au renard français que je m'adresse. Oui, c'est à toi, jeune loup francophone, nourri de grande culture, de savoir vivre et de beurre de ferme que la plume du voyageur ordinaire se pose cette fois.

Toi ! Renard français, maître du bon goût et du savoir faire bien de chez nous. Toi qui n'a plus rien à prouver et qui, sans le vouloir, inonde le monde de ta classe et de ton romantisme inné. Ah ! Le romantisme ! Quoi de plus beau que ce mot sortant de la bouche d'une jeune chinoise d'à peine 20 ans et dont l'oeil brille à la seule évocation de ta nationalité. A l'écoute, toi ce jeune renard  fougueux que tu sais parfois être, lorsque tu craches par terre ou lorsque tu vomis à côté des toilettes de Sammy, tu le fais avec élégance, et là, bravo ! Non, vraiment... Bravo ! En Chine, lorsque tu donnes ta nationalité, dans 90% des cas, les gens te disent que c'est très romantique, homme et femme sans discernement. Apres mon aventure culinaire dans ce sombre restaurant d'une contrée obscure, je me suis posé la question que tout jeune renard est en droit de se poser : quelle est leur notion du romantisme ?

De question en vague réponse, comme toujours, la télévision a fait son oeuvre. Il faut vraiment que je pense à en acheter une lors de mon retour. C'était l'un de ces fameux soirs où l'on en attendrait presque la mort. J'avais passé 13 heures dans un train suivit de 12 dans un bus. J'avais du m'arrêter dans un sinistre bled du Ganzu, agence de carrelage blanc et de rues poussiéreuses. Comme dans bon nombre de régions reculées, les gens vivent avec le lever et le coucher du soleil. Comme le pays est grand mais que la même heure sévit partout, là où je me trouvais, a huit heures la nuit se faisait reine. Très bonne soirée en perspective donc. De désoeuvrement, doublé d'une bonne flemme quant à l'ouverture d'un livre, la télé s'est imposée sans résistance. Du grand spectacle, du très grand spectacle même !

En toute honnêteté, il m'est impossible de dire exactement où cela est tourné mais j'aurais tendance à dire aux alentours de Versailles, tout en sachant que beaucoup de plans particulièrement romantiques sont pris en Provence au milieu des champs de lavande, c'est beau, non ? Décor réel, maison bourgeoise, bonne vêtue de noir et de blanc. Tout y est. Un couple de chinois, très chic, et pour cause, pas un seul molard ne se retrouvera su le tapis du salon pendant la séquence de 52 minutes, ce qui est admirable lorsque l'on sait  qu'ils se raclent la gorge toutes les deux ou trois minutes, en moyenne bien sûr. Bref, nous sommes entre gens du beau monde. Belles voitures, meubles d'époques, de soirées chics en soirées classes avec feux d'artifice pour les conclure. Quelques regards bien sentis, type, un peu triste, le regard lointain, la tête posée sur le poing. Il est pas beau le romantisme de proximité, là ? Pour t'entraîner, ami renard, tu peux toi aussi prendre la pause devant ta glace. Ca t'en fait des choses à faire devant ta glace... Pour décrire un peu,  il n'y a que deux couples de chinois, le reste étant des figurants nationaux  qui doivent avoir bien du mal à faire leurs heures, et pour cause lorsque l'on voit a qualité du jeu. Pourtant, eux même font monter la sauce. Pas un seul ne parle chinois, une partie des dialogues est en français ce qui confère a l'intrigue encore un peu plus de romantisme télévisé...

C'était horrible !  Hélène et les garçons était une véritable leçon de théâtre  et méritait même un césar à côté de tout ce romantisme si mal agencé. Pour l'intrigue, parce qu'il y en a une bien sûr ; Lui est directeur d'une boîte de cosmétiques, quoi de plus romantique finalement ? Et elle est encore un peu amoureuse de son ex... Pas mal comme idée, non ? Pour la petite histoire, elle avait fait un beau voyage sur Paris avec son ex. Flash back, la tour Eiffel, les Champs Elysées, des gens qui rient avec de beaux vêtements. Allez ami renard, tu es hors jeu ! Tu peux l'avouer maintenant ! Et pourtant, il faut croire que tout cela marche. Puisque très régulièrement, on me dit que je suis très romantique sans même avoir compris ma dernière blague belge. Fleuron de notre humour national. C'est désastreux... Ici, si tu es français, tu es quasi en communion avec les dieux tellement le cliché fait rage. Par contre, si tu es chinois et que tu as une grosse voiture, ne t'inquiètes pas, tu vas bientôt pouvoir tirer la bourre aux Français de passages.  Pauvre Hugo, Musset, Vigny, mais que vous a t il pris d'inventer ou de faire parti du romantisme ? Comment voulez vous lutter contre la cosmétique, la voiture, la gourmette et des kilos de romantisme préfabriqués ? Non, vraiment les mecs, c'est gentil d'être passé, mais allez vous reposer maintenant...

Alors, un jour, lasse de tout ce romantisme à la petite semaine, j'ai décidé de changer d'identité. C'était à Shanghai, dans un tripot de basse fosse qu'une charmante demoiselle me posa l'éternelle question. Ecossais, j'étais Ecossais cette fois. Quoi ? Ils  ne sont pas romantique les Ecossais ? J'imagine que j'ai vraiment joué de malchance, je suis tombé sur une spécialiste de la contrée. J'avais l'air aussi con que c'était hallucinant. Elle m'avoua rêver de visiter Edimbourg et de, peut être un jour travailler à Glasgow, la capitale économique. Elle connaissait mille anecdotes sur le pays. Très con, j'avais l'air tes con, vraiment...

En me curant les dents, mais avec classe bien sûr, sous le regard attentif de ma nouvelle rencontre je finis par me dire qu'il fallait choisir entre romantisme ordinaire et petit mensonge... Elle avait l'air tellement heureuse, j'ai d'un coup trouvé tout cela très romantique... C'est mignon, non?"


et demain : des photos !

8 août 2007

Une histoire de politesse...

Où le Voyageur Solitaire nous donne une petite leçon de politesse...

"Cher toi, toi qui me lis avec toujours le même plaisir, hein ? Toi qui attends avec une impatience non dissimulée les chroniques d'un voyage ordinaire sans lequel tu ne peux plus avoir une vie normale, toi qui te demandes même comment finalement tu as fait pendant toutes ces années avant cette apparition. Toi ! Oui toi pour qui je me casse le tronc et me creuse la tête pour trouver chaque fois une nouvelle idée, toi, toi ô toi !!! Figure toi qu'aujourd'hui, il ne sera en aucun cas question de vomi ou de Sammy, pas plus que de transport ou de rot... Non aujourd'hui mon amour, je vais te parler de la Chine.... Etonnant non ?

Alors figure toi mon petit lapin que la Chine s'appelle la Chine mais que ça n'est qu'un hasard finalement. Elle aurait très bien pu s'appeler : Pousse toi ! Dégage ! Casse toi ! C'est ma place ! Je suis le premier ! Apres moi le déluge ! C'est ta tête sous mon pied ? Parce qu'elle me gêne !! Et oui mon coeur, la Chine est l'enfant du siècle. De l'individualisme, elle  en est le meilleur élève!

Je ne sais pas pourquoi je n'en parle que maintenant alors que c'est ce qui, finalement saute  le plus aux yeux lorsque l'on arrive. Leur façon de conduire en étant le meilleur exemple. Lecteur parisien, si tu es parmi nous, tu peux vraiment y aller sans complexe, à côté du chinois moyen, tu es d'une courtoisie sans pareil... Lorsque j'étais gamin, je me suis souvent demandé si la vie continuait derrière moi. A force de me retourner, et pas uniquement pour regarder les fesses de filles, mais entre autre il est vrai, j'ai dû finir par admettre la terrible vérité. Oui ! Une fois que je suis passé, la vie continue quand même, sans finalement même se soucier de moi. Le chinois, pour sa part, soit est persuadé du contraire, soit n'en vraiment, mais vraiment, rien à foutre... Pour revenir à la voiture, c'est tout simplement le plus gros qui passe. En cas de trafique dense, le moindre espace est immédiatement occupé jusqu'à parfois bloquer toute forme de manoeuvre. S'ensuit en général une longue discussion pour savoir qui va bouger sa voiture en premier, le premier étant le perdant bien sûr. Le chinois trimballe son honneur jusque dans sa bagnole et à la longue, cela peut être très exaspérant. Surtout quand vous êtes à la place du mort sur des routes fréquentées par des poids lourds et que votre chauffeur conduit comme vous le feriez sur console de jeu...

La circulation est faite de tel façon que même au feu rouge, les voitures tournant  a droite peuvent continuer leurs route. Pied au plancher bien sûr. J'ai moi même failli me faire renverser par une moto à trois roues. J'étais un peu perdu dans mes pensées et j'ai té retenu par un policier qui m'a tiré par le bras in extremis. Le motard, quant à lui, ne m'a pas lancé un seul regard, en fait, je n'existais pas. Depuis deux mois, je me suis souvent fait la remarque que nous étions encore chanceux que les autorités condamnent les chauffards. S'il leur venait un jour à l'esprit de dire:"Camarades automobilistes, foncez, rien ne doit entraver notre économie!", je me demande si certains ne te rouleraient pas dessus sans la plus totale absence de remords. Le chinois est seul ! Seul au milieu d'une marée humaine !

Si je n'en parle que maintenant, c'est parce que je me suis rendu compte hier que je trimballais moi même mon honneur dans les queues à la gare ferroviaire. Pour ne pas me faire piquer ma place, j'ai poussé relativement violemment je dois l'admettre, une grand mère et un type d'à peu près mon âge. Personne ne s'est plaint en plus. C'est le lot quotidien ici. Je ne me suis évidemment pas excusé et ne leur ai pas adressé le moindre regard de remords en partant. Je deviens comme eux, je suis contaminé. Le pire, c'est que je ne supporte pas ce type d'attitude. J'ai toujours essayé d'être courtois et polis simplement pour montrer que d'autres mondes sont possibles. Non ! Ils m'ont eu ! Je ne vais pas essayer de me justifier, ce serait vraiment stupide, j'imagine que tout cela est simplement dû au fait de le supporter depuis maintenant deux mois. Etre face à 1 300 000 000 d'individualistes, ça peut peser. J'ai beau reconnaître moi même faire partie de ce type de personne, ici, je fais vraiment pâle figure...

Bref ! Apres m'être rendu compte de cet inavouable acte, j'ai voulu un peu me rattraper en portant secours à une vielle dame en bas d'un escalier, au bas duquel se trouvaient un énorme sac trop lourd pour ses frêles épaules... J'adore mes effets de style ! La pauvre femme galérait dans l'indifférence générale. Quand j'ai pris son sac, elle m'a regardé comme si je venais de la planète Mars, voire de plus loin. Comme ici rien n'est gratuit, une fois en haut elle a voulu me payer. C'était évidement très gênant, mais comme en plus elle  insistait, un attroupement s'est fait autour de nous. Voyant que je n'allais pas en sortir, je suis sorti en bousculant tout le monde... Tu ne bouscules pas, tu ne passes pas ! C'est clair ?"

la prochaine fois : une chronique sur le romantisme.

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La legende du voyageur solitaire
  • Julien.D, notre envoyé spécial à travers le monde, nous rapporte photos, témoignages & anecdotes de son périple en représentant 120ème Art sur sa route, longue de 6 mois minimum. Son but : rejoindre le Détroit de Béring, puis parcourir la Route de la soie.
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