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La legende du voyageur solitaire
22 octobre 2007

la fin...

une grande honte s'abat sur nous. Nous avions égaré le premier texte japonais du Voyageur Solitaire( j'ai dit "égaré" par perdu).
Le voila, et comme le retard nous avait attendu bien sagement, voici aussi la dernière chronique japonaise.
le voyageur Solitaire est à présent rentré en france. Il publiera prochainement une chronique finale à propos de son retour et ce cycle sera terminé.
L'ensemble des textes sera bientôt disponible (et dans l'ordre chronologique !) en PDF sur le site www.120art.com

merci à toutes celles et ceux qui ont suivi le Voyageur.

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PREMIERE CHRONIQUE JAPONAISE.
Où le voyageur apprend la valeur du mot "Merci"

"Il est des mystères insondables ! L'origine de l'homme. Dieu. Avons nous une âme ? Boy George est-il un homme? Samos est il vraiment rédacteur en chef ? Qui est ce Spipsy ? Mystères, O mystères... Qu'aviez vous besoin de rajouter à ce monde, ô combien déjà si complexe?

En fait de mystères, devrais-je plutôt dire que je ne comprends rien, mais absolument rien à l'Asie!  Je ne suis au Japon que depuis peu et je me demande ce qu'il a bien pu se passer dans les 40 heures de bateau qui séparent la Chine du Japon donc. De plus, je me trouve dans une situation que je déteste, à savoir parler d'un lieu dont je n'ai fais la connaissance il y a seulement quelques jours. Je me suis permis pour la Chine puisque je n'en était pas a mon premier bal. Nous avions déjà fait un peu  connaissance il y a quelques temps et le verbe m'était plus simple parce que je ne faisais que retrouver certaines choses. Mais ici, tout n'est que découverte et surtout comparaison.

Vous avez rit aux éclats en lisant la chronique du "pousse toi" ? Non ? Ha... Bon, dommage... Bref, que vous ayez rit ou pas, de pousse toi, nous passons ici à Apres vous très cher, je n'en ferai rien, vous étiez la avant moi et surtout prenez votre temps, votre problème est notre problème et nous avons mis nos meilleurs équipes avec nos meilleurs éléments sur votre soucis qui ne saurait perdurer dans les plus bref délais. Et surtout, surtout, merci de nous avoir choisis, nous plutôt que d'autres pour que nous vous sortions de la merde... Ce qui me démonte, c'est que je n'en rajoute même pas.

Prenons un objet usuel et simple, une bouteille d'eau. Comparons l'achat entre l'empire du milieu et le soleil levant. En Chine, on va vous la vendre trois fois le prix parce que vous êtes étranger, sans vous remerciez, voire sans vous rendre la monnaie. Au Japon, on vous remercie d'avoir poussé la porte. D'avoir choisis cette boutique plutôt qu'une autre. Si vos problèmes de visions vous empêchaient de trouver le rayon bouteille de flotte, notre personnel se fera une joie de vous indiquer le chemin en vous remerciant encore dix fois de ne pas avoir le sens de l'orientation. Une fois devant la caisse. Merci d'avoir choisis cette caisse, merci pour cet achat, merci pour cette bouteille, merci d'avoir emplis de joie cette nouvelle journée et surtout, très bonne après midi à vous, vos parents, vos sœurs, frères, neveux, la grand-mère, et le chien... Cette attention au début des plus troublantes amène à une question qui se transforme donc vite en mystère. Combien de fois un vendeur de supérette dit il merci dans la journée ? A t-il le droit de boire un verre d'eau entre chaque client et si oui, combien de fois va t-il aux toilettes dans la journée ? Et surtout, se remercie t-il d'avoir choisis ces toilettes plutôt que d'autres?

Entre trouble et étonnement, vous ne pouvez que vous dire que ces gens méritent tout simplement la palme de la politesse et de l'accueil. Et puis, un jour, au détour de mes pas, je suis passé à côté d'une simple station service comme il y en a tant d'autres. Pas moins de trois personnes s'occupaient de la voiturà en stationnement. Une pour le réservoir, une autre pour nettoyer le pare brise, et la dernière pour vérifier la pression des pneus, tout trois rivalisant de remerciements a fortes décibels. Une litanie lourdingue ressemblant plus à un bête texte appris par cœur qu'à de sincères sentiments. Le propriétaire du véhicule , quand a lui, était au téléphone et n 'vait que faire de leur mélodie dissonante.

C'est depuis avec beaucoup d'amertume que je regarde les vendeurs de supérette. Bande d'hypocrites !  Je suis sûr qu'il est écrit dans votre contrat que si vous ne dites pas merci 24587631 fois par jour, il faudra en rendre compte à vos supérieurs. Je repense souvent à cette vendeuse des chemins de fer populaires de chine qui ne vous avait pas non plus fait rire. Je l'ai dit précédemment, les Chinois ne disent que très rarement merci, sauf si vous avez très mal marchandé. Pas de marchandage au Japon et les remerciements pleuvent en permanence. Le juste milieu se trouve t il au milieu de la mer ? Mystère... "

DERNIERE CHRONIQUE JAPONAISE

Où la mélancolie pointe discrètement le bout de son nez...

 

"C'était une journée comme tant d’autres. L'un de ces fameux jours typiquement japonais. On m'avait déjà dit 297 fois merci. On avait remercié 117 fois ma mère de m'avoir mis au monde. 14 fois mon père de m'avoir éduquer et 3 fois mes grands parents de m'avoir emmener en vacances. J'avais déjà bu 7 litres d’eau minérale et perdu 12 autres par les "pores" de ma peau. Tout était comme d'habitude. Je sentais déjà très fort la sueur à la moitié de la journée et je filais à un déjeuner avec une française rencontrée quelques jours plus tôt.

Par soucis de simplicité, nous nous étions donne rendez-vous dans la gare de Tokyo, à la sortie sud, tant trouver une bête rue peut s'avérer être un casse-tête pénible au Japon. Donc, tandis que mes pas me guidaient vers la dite sorte, il me vint une pensée aussi pénible qu'excitante. Dans une semaine jour pour jour, l'aventure ordinaire serait terminée et je serai sur Paris en train de discuter de mes indemnités avec mon rédacteur en chef. Une petite chair de poule se faisait sentir tandis que cette idée me titillait le cervelet.

Je repense au départ. Les adieux. Les bisous. On s'écrit. T'es génial. Moi aussi j'adore ce que je fais... Comme pour caricaturer ce vague à l'âme d'enfant gâté, un chariot d'entretien se poste juste devant moi. Tout en roulant, il diffuse une musique électronique lancinante. Pour casser ma mélancolie, je me mets à penser à celle des autres. Je me demande ce qui peut bien passer par la tête de ce technicien de surface avec ce fond sonore en permanence dans les oreilles. Je l'imagine finalement, tout comme moi, en plein blues tokyoïte. Lui aussi perdu dans sa tristesse quotidienne tout en transportant les poubelles de la gare. Sorte d'intense émotion sentant les ordures. Mon regard quitte le technicien pour se poser sur les belles de Tokyo. Belles qui ne le sont plus tant leurs charmes prennent le dessus. "Ces femmes que l’on aime pour quelques instants secrets". Les passantes ont enfin une ville. Il fait chaud. Très chaud même. Quelques épaules dénudées que l'on aurait plaisir à mordiller narguent l'œil tant leur rondeur trahis leur douceur. "Peu m'importe Naples puisque que la vue de leur académie me rendrait douces toutes les morts du monde". Je ne serai jamais un bon misogyne. Pas une femme de la vie mais bien pas assez d'une vie pour toutes les aimer. Démarches pressées. Talons qui claques. Regards discrets. Sourires cachés par une main que l'on rêverait d’effleurer. Les odeurs; leurs odeurs. Erotisme nippon. Les strictes, les moins strictes, les pas strictes du tout. La gare est grande. La musique ne s'arrête pas. Mes pensées sont futiles. Je sais l'essentiel ailleurs. Mais je suis aussi heureux de voir que le fantasme reste intact. Les femmes que vous ne touchez pas réveillent des émotions enfouis...

En arrivant au sud, mes pieds ne touchent plus le sol. Je repense à un texte de Bukowski qui me met à fleur de peau a chaque lecture :

"En beaucoup de domaines, j'étais un sentimental ; des chaussures de femmes sous le lit ; une épingle à cheveux abandonnées sur une commode ; leur façon de dire:"je vais faire pipi"... Les rubans qu'elles mettent dans leurs cheveux; descendre le boulevard avec elles à une heure et demi de l'après midi ; deux personnes marchant ensemble, simplement ; les longues nuits de beuverie, de tabagie ; les scènes ; penser au suicide ; partager un repas en se sentant bien ; les plaisanteries, les rires absurdes ; sentir les miracles dans l'air ; ensemble dans une voiture en stationnement ; comparer les amours d'antan à trois heures du matin ; s'entendre dire qu’on ronfle ; écouter ronfler ; les mères, les filles, les fils, les chats, les chiens ; parfois la mort, parfois le divorce, mais toujours continuer, s'accrocher ; lire seul le journal dans une buvette et sentir une nausée te retourner l'estomac, parce que maintenant elle est mariée avec un dentiste ayant un QI de 95 ; les courses de chevaux, les parcs, les piques niques dans les parcs ; même la prison ; ses amis sinistres ; tes amis sinistres ; ton goût pour la gnole ; son gout pour la dance, ta drague, sa drague ; ses pilules ; tes baises en douces, et elle qui fait pareil ; dormir ensemble..."

Lorsqu'il n’est plus un vieux dégueulasse, il est comme Coste qui dit découvrir que le sperme pouvait être romantique. Les bouchers apprentis poètes touchent plus que les professionnels de l'émotion. Ceux la même qui nous font la promotion des relations basées sur rien parce qu’elles ne sont en définitif que les plus fructueuses. Cette même race encore persuadée de perdre son temps lorsqu'elle parle à un boudin et qui ne peut s’empêcher de trouver le moindre charme à n'importe quelle représentante du beau sexe. Ceux qui, à défaut de séduire, ont toujours plus de facilités à faire plaisir à une femme, surtout lorsque c'est elle d'un autre. Tout ce à quoi j'appartiens avant d'adhérer...

Le chariot me laisse à mes pensées. La musique s'éteint dans les couloirs. Je repense à la chaleur de ces mains trop rarement touchées. A ces regards muets. Pas la pollution de sexualité quotidienne. Pas de silence rompus par d'inutiles paroles. Juste de vagues souvenirs sans salissures. Le pourquoi de mes voyages. La mémoire. Y penser de nouveau. Repartir. Ne pas savoir ce qu’on fait la. Mais ne pas avoir honte. Comprendre des choses élémentaires. Faire rire. Pleurer. Ne pas trahir les idéaux de son enfance. Ne pas abdiquer. Ne pas vendre son âme.  Ecrire des conneries que personne ne lit. Les écrire parce qu'on aime écrire. Perdre son temps. Aimer le perdre. Aimer se perdre...

Mon rendez vous arrive. Je pense a toi Sammy. S'exprimer avec les mots des autres est une liberté que tu as compris bien avant moi. L. n'est plus qu'à quelques mètres. J'ai un dernier regard pour ces belles. La mort ne sera pas si douce parce quelle ne pourra pas venir d'elles toutes ; et je n’aurai pas assez d’une vie pour les regretter... Amer souvenir finalement..."



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Commentaires
La legende du voyageur solitaire
  • Julien.D, notre envoyé spécial à travers le monde, nous rapporte photos, témoignages & anecdotes de son périple en représentant 120ème Art sur sa route, longue de 6 mois minimum. Son but : rejoindre le Détroit de Béring, puis parcourir la Route de la soie.
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