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La legende du voyageur solitaire
12 septembre 2007

de la discipline au Japon...

Où le voyageur solitaire nous parle de discipline japonaise...

"Discipline, règles, ordre. Retenez ces mots, ils vont vous être utiles pour la compréhension intégrale de la chronique ordinaire qui suit. Je n’avais, jusqu’à maintenant, que parlé des horaires un peu stricts dans les hôtels bon marché. Aujourd’hui, je vous parle du reste, et le pire est que je n’en rajoute même pas...
Discipline: Au moment où je pousse la  porte, couvert de sueur et de sacs
trop lourds pour mes frêles épaules, c’est la réunion de travail pour les
objectifs de la journée. Le supérieur est devant l’équipe qui elle même est
quasi au garde à vous. Personne ne bronche. Je ne comprends rien mais je me
plais à imaginer les consignes qui doivent le plus souvent revenir
systématiquement aux mêmes choses. Au réceptionniste: "Toi, tu vas donner
les clés à tous les clients qui te les demandent et tu les remercieras jusqu’à ne plus avoir la moindre goutte de salive dans la bouche!". A la femme de ménage: "Toi, tu vas faire le ménage dans toutes les chambres et n’oublie pas de bien nettoyer ton aspirateur après usage!". Personne d’autre, c’est un petit hôtel.
Règles : j’arrive trop tôt. Je ne peux pas rentrer dans ma chambre avant
16h30, ce qui me laisse presque sept heures avant de pouvoir prendre une
douche pour chasser les vilaines odeurs qui sévissent sous mes bras.
Impossible de simplement monter pour poser mon sac pour d’obscures raisons
et surtout parce que c’est écrit sur le règlement. Le réceptionniste préfère
les mettre derrière son comptoir. Je ne sais pas combien il y en a mais le
mien n’est donc pas le premier et a peu de chance d’être le dernier. Il peut
à peine circuler mais bon, le règlement, c’est le règlement. Comme les
douches sont communes, je demande naïvement où elles se trouvent. Peut être
lassé de mes questions auxquels il répond sans arrêt « non », il me tend un
papier sur lequel est écrit règlement donc. Pas d’accès aux douches avant 19h,
ce qui amène ma prochaine danse de l’amour avec de l’eau glacée neuf heures
plus tard. Je tente de parlementer. On pointe du doigt le papier que j’ai
dans les mains. Pas de discussion possible. Je fini la lecture de cette
putain de fiche, j’ai droit au café gratuit jusque dans dix minutes, vite,
vite, donnez moi une tasse sinon j’aurais bientôt le règlement contre moi...
Ordre : le lendemain, après m’être fait réveillé par la femme de ménage à 10h
pétante, parce que bon, le règlement quoi, je descends à la réception pour
signaler mon intention de rester non pas une mais bien les deux nuits
suivantes messieurs-dames. De ce que je connais, je crois pouvoir dire qu’il
n’existe aucun pays plus organisé que le Japon. Cela peut être pratique mais
les nouvelles de dernières minutes ont tendances à leur donner des bouffés
d’angoisses. Problème. Silence. Fouille de paperasse. Anglais hésitant. La
bouche tremblotante, il me dit que de la chambre 710, je vais devoir passer
à la 610. Pour faire plus clair, exactement la même mais un étage plus bas.
Dans la seconde, j’hésite à faire un scandale juste pour voir la résistance
de ces nerfs déjà mis à rudes épreuves si tôt le matin. Je me ravise, j’ai un
coeur moi  aussi. Je me vois juste lui dire que mon sac est toujours dans la
710. "No probelm, no problem". Il me fait comprendre qu’il va lui même s’en
charger.
De retour des heures plus tard, mais avant la fermeture des douches que ce putain de règlement  annonçait pour 23h, je me vois monter dans la 610 pour
prendre quelques affaire. Identique ! Tout était identique ! La chambre bien
sûr mais aussi l’emplacement de mon sac. La position de mon livre posé
nonchalamment sur mon lit le matin même. Les papiers posés à l’abandon sur le
bureau. Même un papier que j’avais machinalement roulé la veille tout en
discutant avec une charmante anglaise, même ce papier était posé, quasi au
centimètre près de l’endroit où je l’avais lourdé la veille plutôt que de
le mettre dans une poubelle comme aurait fait n’importe quelle personne
sensée. Le dernier détail tuant était la brosse à dent, oubliée à côté du
lavabo, exactement dans la même position et au même endroit que dans la
710. Des fous, des malades, des tarés. Discipline, règles, ordre... Ici, on
ne plaisante pas..."

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Commentaires
La legende du voyageur solitaire
  • Julien.D, notre envoyé spécial à travers le monde, nous rapporte photos, témoignages & anecdotes de son périple en représentant 120ème Art sur sa route, longue de 6 mois minimum. Son but : rejoindre le Détroit de Béring, puis parcourir la Route de la soie.
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